Message de Noël 2015 de la Fédération luthérienne mondiale
De la part du président de la FLM, l’évêque Munib A. Younan
La grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous toutes et tous.
Chères sœurs et chers frères en Christ, Églises membres de la communion luthérienne, Je salue chacune et chacun de vous dans le monde depuis Jérusalem, la ville du ministère, de la mort et de la résurrection du Seigneur.
A l’approche de la période de Noël, force est de constater que nous vivons dans un monde dans lequel nous nous sentons de moins en moins en sécurité. La violence qui frappe depuis si longtemps le Moyen-Orient, certaines parties de l’Afrique et le Sud de l’Asie, et les troubles qui y règnent, sont en train de gagner l’Europe et l’Amérique du Nord. Comme la Sainte Famille en quête d’une auberge jadis à Bethléem, je demande: Y a-t-il de la place dans ce monde pour la paix fondée sur la justice? Y a-t-il de la place dans l’auberge ?
La belle image représentée sur la carte de Noël de la FLM cette année me fait penser à la Vierge Marie. Le récit de Noël commence par le décret de César Auguste, qui veut faire recenser tous les sujets. Mais la femme sur cette image ne sait où aller pour se faire recenser. Elle a été forcée de quitter sa maison. C’est une réfugiée qui a été contrainte à fuir, peut-être à cause de sa foi, de la violence qui l’entoure ou parce qu’elle est différente. Nous voyons, à travers elle, une personne qui n’a plus sa place dans son pays d’origine. Mais surtout, nous voyons une mère pleine de douceur, comme Marie, qui a trouvé une étable, un endroit alliant calme et chaleur pour son enfant.
Quand je vois les visages des réfugiés, je vois la face de Jésus dans chacun d’eux. Je peux entendre les anges proclamer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer au monde combien il a besoin du Prince de la Paix, particulièrement en cette fête de Noël.
Cette image m’est familière. Elle me va droit au coeur, car bien qu’évêque, je suis aussi un réfugié. Ma famille a été forcée de quitter Beer-Sheva en 1948. Si l’Église ne m’avait pas accueilli, si elle ne m’avait pas donné à manger, si elle n’avait pas veillé à mon éducation ni contribué à développer ma spiritualité évangélique, je ne serais pas devenu celui que je suis aujourd’hui. C’est bien parce que les visages de Jésus et de la Sainte Famille se reflètent dans ceux des réfugiés que notre appel aujourd’hui retentit avec force: assurez-vous du bien-être des réfugiés, permettez-leur d’accéder à la justice, contribuez à leur éducation, accueillez-les dans vos pays, aidez-les à retourner chez eux dans un pays libre et démocratique, tout en respectant leurs droits, la justice de genre et leur liberté d’expression religieuse.
Si nous ne faisons rien de tout cela, nous nous retrouverons dans la situation décrite dans Matthieu 25. Jésus nous y explique qu’il a été affamé, qu’il a été étranger, en prison—quand m’avez-vous donné à manger et m’avez-vous accueilli? En l’absence de solutions à la crise des réfugiés, que ce soit au niveau de nos responsables ou de nos structures politiques, la vocation de l’Église doit être, comme toujours, d’aider les plus vulnérables à trouver de la place dans l’auberge. Le message de Noël nous exhorte à oeuvrer en faveur de la justice, à donner espoir à ceux et celles qui l’ont perdu. Il ne tient qu’à nous d’aider cette femme à retrouver les siens. Sinon, allons-nous laisser Hérode l’obliger, une fois de plus, à tenter sa chance ailleurs ?
En ce Noël 2015, nous plaçons notre espérance dans le Prince de la Paix, dans Celui en qui Dieu est glorifié. A travers l’Esprit Saint, nous sommes habilités à nous servir de nos capacités, tant intellectuelles que physiques, pour instaurer la paix parmi les peuples, apporter la guérison et la réconciliation aux réfugiés et proclamer l’amour salvateur de Dieu à chacune et chacun. Ainsi donc je prie pour que vous passiez toutes et tous Noël dans la paix et que vous vous sentiez incités à oeuvrer pour la paix non seulement pour vous-mêmes, mais aussi pour ceux et celles qui ne la connaissent pas.
Je vous demande de prier pour que le don de la justice soit accordé à notre monde là où il manque. Y a-t-il de la place dans l’auberge pour la paix fondée sur la justice et pour la réconciliation fondée sur le pardon ?
Joyeux Noël! Merry Christmas! Frohe Weihnachten! Feliz Navidad! Gad Jul! Siunattua Joulua. Kol AAm Wa Antum Bikhair
Que Dieu vous bénisse.
Evêque Dr. Munib A. Younan Président de la Fédération luthérienne mondiale